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Forbes - Le piège invisible de la manipulation au travail : le renforcement intermittent

Evènement | 25 juin 2025

Un article écrit avec la contribution de Virginie Roquelaure, Professeur des Universités en sciences de gestion et du management à l'iaelyon School of Management, Université Jean Moulin Lyon 3, Laboratoire Magellan et Ludivine Adla, Maître de conférences HDR en sciences de gestion et du management à Grenoble IAE-INP, Université Grenoble Alpes, Laboratoire CERAG.

Dans la sphère professionnelle, la manipulation ne se manifeste pas uniquement à travers des ordres brutaux. Elle s’inscrit dans des logiques plus complexes et le plus souvent invisibles. Aujourd’hui, de nombreuses pratiques de management s’appuient sur des mécanismes issus de la psychologie comportementale. L’un des plus puissants et des plus destructeurs est le renforcement intermittent.


Pourquoi le travail devient-il une loterie émotionnelle ?

 Le renforcement intermittent a été développé par le psychologue Burrhus Frederic Skinner en 1957. Issue de la théorie du conditionnement opérant, cette technique est souvent utilisée pour manipuler en raison de la dépendance émotionnelle qu’elle créée. En effet, elle pousse l’individu à rechercher constamment une gratification qu’il recevra de manière aléatoire. Cette attente l’empêche de se détacher de la relation et affaiblit son jugement. L’individu, trop concentré sur l’obtention d’une récompense imprévisible, ne se rend pas compte du caractère abusif de la relation.

Pour comprendre le concept de renforcement intermittent, prenons l’exemple des machines à sous installées dans les casinos, qui représentent des jeux particulièrement addictifs. Chaque fois que le joueur tire le levier ou appuie sur le bouton, il a une chance aléatoire de gagner. Néanmoins, il ne sait jamais combien de fois, il doit jouer avant de remporter une partie, ni le montant des gains. Cette dimension imprévisible créée une anticipation constante chez le joueur : l’incertitude vient stimuler la libération de dopamine, « hormone du plaisir », dans son cerveau. Notons également que même après une longue série de pertes, le joueur ne s’arrête pas pour autant de jouer, car il sait qu’il peut gagner à tout moment. Son précédent gain imprévisible vient d’ailleurs renforcer cette croyance.

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A propos de Virginie Roquelaure